Quoi qu’il fasse, quoi qu’il entente ou quelque soit l’endroit où il regarde, Swan a toujours l’impression d’avoir des yeux braqués sur lui. Que ce soit ceux des vieux de la ville qui le dévisage comme s’il était un monstre venu d’une autre contré, ou le marshall et ses amis qu’il tente d’éviter du mieux qu’il le peut. De toute évidence, la présence de Draven à ses côtés -parce qu’au final, il a fini par remettre en place ses souvenirs de cet homme, n’est pas pour rien au fait qu’il s’éclipse. Qu’il s’en aille, qu’il soit parti acheter des churros pour s’empiffrer le temps de retourner à sa voiture. Mais la file fut longue, pour avoir sa commande. Si longue qu’il a eu le temps de retomber sur eux, par la suite. Au moment où il allait partir, coincé dans un endroit reculé de la fête foraine, s’étouffant à cause d’une sucrerie trop chaude, Swan n’avait trouvé nul part ailleurs pour disparaître d’une nouvelle file d’attente.
Elle avance, lentement, sûrement, et lorsqu’il tourne légèrement la tête, Swan voit toujours la silhouette de Draven un peu plus loin, certainement en train d’attendre de la nourriture ou son tour pour monter dans une attraction. Si c’était jusqu’alors uniquement la police qu’il esquivait en ville, il va maintenant être sur que ce mec à la peau métisse sera son principal ennemi. Swan se souvient très bien de leur dernière et unique rencontre à Détroit ; peut-être même qu’il ne s’était jamais fais autant amocher par une couleur. Robin n’est pourtant pas le mec qui esquive les coups quand on vient s’en prendre à lui. Au contraire, il a toujours été de ceux à donner les premiers. Mais depuis qu’il a emménagé ici, avec sa moitié, il baisse la tête pour ne pas s’attirer d’ennuis.
Montrer à Draven sa présence ferait tout le contraire.
Et plus il reste à se cacher dans la file, plus son tour approche. Plus il se retrouve à être pris au piège entre deux idées ; fondre dans le manège ou prendre ses jambes à son cou pour sortir de la fête foraine. Mais avant même qu’il ait pris sa décision, le destin le fait pour lui. On lui demande de l’argent : un grand mec, debout à l’entrée. Il a voulu répliquer que ce n’était pas la peine, Swan, mais l’expression et les muscles du forain l’en ont persuadé. Il s’est tu, a donné un billet, a passé la barrière qui sépare la file d’attente de l’entrée de l’attraction. Sans savoir dans quoi il s’embarque, Swan, il est entré après avoir jeté un derrière regard en arrière pour voir les autres disparaître.
Une maison hantée. L’ancien biker le comprend directement lorsqu’il entend des filles hurler à l’intérieur, comme si elles cherchaient à la fois l’orgasme et le frisson de la peur. Swan a levé les yeux au ciel en se disant qu’il pourrait leur faire cent fois plus peur qu’avec ces faux monstres imaginaires, ces légendes dont on parle dans les films d’horreur. Alors il avance des premiers pas dans la pénombre de l’attraction, enfouie un nouveau bout de chichis dans sa bouche. Mâche pendant qu’il avance en regardant ces choses d’un mauvais oeil. Pourrait-il avoir peur ? Certainement pas. Être surpris par un des pecno qui doit travailler ici, surement. Mais à cause de ça, il ne peut s’empêcher de repenser à toutes les croyances adoptées par les gens d’ici. Le destin fait bien les choses. Il est enfermé dans une de ces boîtes hermétiques à quiconque n’est pas fanatique de l’atmosphère.
Nessie Beaumont
O Be Careful Little Eyes
• Emploi : medium, clairvoyante & artisan • Âge : 25 ans • Vit à : en retrait de la ville, dans une vieille caravane airstream acheté avec ce qui lui restait de ressource en débarquant à longford il y a quelque temps.
Re: Partie privée : the fun fair. Mar 16 Juil - 0:51
The fun fair - Séance Privée
Nessie & Swan
Sa longue chevelure rousse balayée par le vent et le regard fixant d'inquiétude, Nessie regrettait déjà d'avoir posé les pieds à la fête foraine. Trop de gens. Trop de cris qui la faisaient sursauter à tout moment. Elle avait toujours eut du mal à se fondre dans la masse et surtout à se retrouver dans ce genre d'événement où la plupart semblait s'amuser comme des enfants. Pourtant, elle s'était dit que cette fois ça allait être différent, que pour une fois on n'allait pas la remarquer. C'était pourtant le cas. Du moins, sur le fait de ne pas se faire remarquer, mais dans sa tête et à ses yeux, rien n'était différent. Elle les voyait. Même plus qu'à l'habitude. Noyée par sa curiosité, la jolie rousse n'avait pas pu s'empêcher de faire des recherches sur la ville dans les nombreux ouvrages que possédait la bibliothèque du coin, s'y noyant durant de longues heures allant jusqu'à la fermeture. Elle avait apprit chaque événements qui s'y étaient déroulés et s'était laissé submerger par chacune des légendes et histoires qui faisaient ce voile d'étrangeté sur cette ville. Elle savait. Longford n'avait rien de normal et quelque chose semblait attendre le bon moment avant d'imploser. Des drames s'étaient succédé, sans qu'une partie de la population n'ait un doute sur leur étrangeté. Ces morts; des accidents aux suicides, se promenaient devant ce regard qui était trop souvent absent et perdu ailleurs. La fête foraine avait son lot d'histoires horribles qui ne semblaient point effrayer les gens normaux. Pour Nessie, c'était comme si elle faisait constamment des cauchemars alors qu'elle était toujours bien éveillée.
Se sentant bousculer, la jeune rousse sortie de ses pensées lointaine pour rejoindre cette malheureuse réalité qui l'entourait. Sans trop s'en rendre compte, elle s'était mise dans l'une des files qui menaient à l'un des nombreux manèges qui étaient érigés sur le site. Par sa plus grande surprise elle constata qu'elle se trouvait à quelque mètres de mettre les pieds dans l'attraction de la maison hantée. Comment s'était-elle retrouvé là ? Elle qui détestait les films d'horreur, se retrouvait maintenant piégée, presque forcée à entrer. Le couple qui se trouvait derrière elle semblait se faire de plus en plus insistant et n'était pas près à la laisser rebrousser chemin. Lâchant bruyamment un soupire, elle donna son ticket au forain et avança d'un pas quelque peu hésita avant de finalement pénétrer dans cette horrible maison. Les cris des gens qui s'y trouvèrent déjà parvinrent aussitôt à ses oreilles, se crispant face à cette anxiété qui gravissait son être à chaque seconde qui s'écoulait derrière elle. Elle avançait doucement, à pas de souris et ne pouvait s'empêcher de regarder dans chacun des recoins qu'elle pouvait difficilement apercevoir dans cette ambiance sinistre. Après un moment, alors que le taux d'anxiété était presque à son plus haut, Nessie décida qu'elle en avait vu suffisamment au point de rebrousser chemin. Elle s'en foutait de ce que pouvait penser les gens. Eux n'étaient pas capable de comprendre ce qu'elle pouvait ressentir en cet instant précis, alors que pour elle l'ambiance se faisait de plus en plus étouffante et insupportable. D'un geste brusque elle se retourna, prête à faire les quelques pas qui la séparait de la sortie, mais au lieu de ça, elle s'écrasa contre le torse d'un homme, lui faisant échapper un petit cris de terreur. Instinctivement, elle s'agrippa fermement à lui lorsqu'elle réalisa qu'il était bien réel. Le souffle court, la jolie rousse posa son attention sur lui, évitant bien de croiser son regard, peur d'y lire ses impressions sur elle. "J-je suis désolé." S'étirant légèrement pour regarder derrière lui, elle constata avec inquiétude que la noirceur avait finalement englouti l'entrée, ne lui permettant malheureusement plus de retourner sur ses pas. Elle était prise dans cette attraction qui semblait se transformer en l'un de ses cauchemars.
Re: Partie privée : the fun fair. Dim 21 Juil - 10:38
Une bousculade, un cri apeuré, étouffé, et des doigts qui se mettent à le serrer comme s’il était un pilier protecteur. Grand, fort, imposant, et qu’il ferait fuir toute menace qui oseraient s’approcher de la fille aux cheveux roux qui semble perdre pied. Aucun doute qu’il aurait pu la confondre avec sa bien aimée ; de dos, dans une situation différente. Le problème est que Saoirse n’aurait jamais paniqué de la sorte, la voix qui représente ce cri n’a rien de la mélodie romantique qu’il entend lorsque c’est sa moitié qui parle. Le regard fuyant, des mots qui l’excusent alors qu’elle n’a rien fait de mal.
Lui n’a même pas bougé lorsqu’elle l’a percuté. Aurait pu avoir peur, lui-même se mettre légèrement à trembler à cause de tout ce qui les entoure. Mais non, Swan -bien trop inquiet de ce qui se trouve dehors, n’a même pas sursauté. Son visage s’était simplement tourné vers cette femme, jusqu’à ce qu’elle parle, jusqu’à ce qu’elle bouge d’elle-même comme si elle l’avait coincé dans un axe temporel duquel il ne pouvait s’enfuir. Perturbé dans tous les sens, elle a du reprendre vie avant qu’il ne le fasse lui-même. Instinctivement, il s’est tourné vers la sortie -tout comme elle, pour voir ce qu’elle pouvait désirer là-bas. Mais il n’y a que la pénombre -noirceur- ambiante de la maison hantée.
“ - Y'a pas d’mal…” A-t-il simplement soufflé lorsqu’il a retourné son visage pour tenter de déceler celui de la fille. Mais ses traits ont presque totalement disparus. Est-il aussi invisible qu’elle ? “ Y’a rien pour vous bouffer ici… vous pouvez vous détendre.”
Swan parle bien mieux depuis qu’ils ont emménagé à Longford. En même temps, il n’a pas vraiment le choix vu l’entreprise qui l’a engagé ; n’a pas le choix non plus s’il veut avoir une autre réputation que celle d'un ancien taulard qu’on lui a déjà collé sur le dos. Mais ça ne l’empêche pas d’avoir, parfois, des sautes d’humeur qui le font retomber dans ses anciens démons où le vouvoiement n’existe pas. Là où les mots grossiers sont plus souvent audibles que les mots doux et respectueux.
Il ne la voit pas, mais il la sent toujours là. Contre lui. Agrippée comme si elle avait réellement peur des monstres qui pouvaient se trouver à l’intérieur de cette attraction. Pour Swan, ceci est la preuve que tous les gens de cette ville sont plus ou moins contaminés par les croyances qui hantent les rues. Certain y croient plus que d’autre ; à tel point qu’ils agissent en fonction de ça et non en passant à travers comme la plupart des gens. Et comme il sent toujours ses doigts chiffonner son chandail, Swan, il remonte sa propre main pour venir prendre celle féminine et l’inciter à le lâcher. Mais lorsqu’il tient ses doigts, il ne les lâche pas. Ne les lâche plus. Comme s’il était conscient qu’elle avait besoin de ce toucher pour être attaché à la réalité. Il change pourtant de main ; tient à l’aide de deux doigts son sac en plastique plein de cochonnerie, et les autres sont rattachés à la main de l’inconnue.
“ - Est-ce vous allez bien ?”
La question est posée uniquement lorsqu’il a attrapé son téléphone et qu’il a enclenché la lampe torche. Sans mettre la lumière directement dans les yeux de l’inconnue, il voit pour la première fois ses traits. Voit quelques ressemblances avec sa bien aimée, mais ne trouve surtout que des différences. Après tout, il n’y a qu’une perfection aux yeux d’un homme amoureux. Mais ça n’empêche pas Swan d’avoir un sourire réconfortant. N’a-t-il pas toujours aidé les dames dans le besoin ? Ce n’est pas un charmeur, Swan, mais un protecteur dans l’âme.
“ - On devrait commencer à avancer…” Dit-il en la regardant pour la première fois dans les yeux. “ Avant que la porte s’ouvre, et qu’on ait l’air de gamins qui ont peur du noir. Vous venez ?”
L’homme ne lâche pas la fille. Ni de ses doigts, ni de son regard. Mais le coup de tête qu’il montre en direction de la suite du labyrinthe, montre bien qu’il est enclin à l’accompagner jusqu’au bout. Les croyances stupides de cette ville ne l’ont toujours pas atteintes. Solide comme un roc, Swan est loin de s’imaginer qu’il finira par être comme eux ; à croire des choses qui n’ont rien de réalistes, et qui pourtant ne sont pas irréelles pour autant.
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