Good morning America ! [Cheyenne + Draven]

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« Good morning America ! »

All she wants to do is dance" de Don Henley -clic clic ici pour l'ambiance, me tire du sommeil alors que le réveil de la chaine hifi se met en route en choisissant un cd au hasard. La couette s'est fait la malle, ce qui n'est pas le cas de Ren qui a squatté mon plumard hier soir et a fini par s'y endormir tandis qu'on a tous deux du succomber au sommeil sans s'en rendre compte en discutant jusque tard dans la nuit. Présentement, il est affalé sur moi. Je lâche un soupir en songeant que j'aimerais que ce soit une gonzesse qui y soit étalée de la sorte. Ce con là va me filer la trique si ça continue ! Plaisanterie à part, je le dégage gentiment, non sans qu'il ne marmonne dans son sommeil. Il est tôt mais je sais que je ne retrouverais pas le sommeil. Je file prendre une douche puis je déambule un peu plus tard, pieds nus dans l'herbe gorgée de rosée, une tasse de chocolat chaud à la main.

Le soleil qui s'invite peu à peu et se rend plus présent au fil des minutes, me regorge d'énergie et de cet enthousiasme qui m'a précédemment cueilli au réveil. Nope chéri, pas ce genre d'enthousiasme là ... . Enfin bref, d'humeur farceuse dès le matin alors qu'un joli projet me vient à l'idée, je me décide à rejoindre ma sœur qui habite à quoi, à peine deux minutes de marche. On peut voir sa maison depuis chez moi, située à une petite cinquantaine de mètres derrière les arbres. Elle ferme rarement l'entrée et au pire j’ai les clés de chez elle mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Animé par un élan facétieux, je grimpe souplement le long de la façade jusqu'au premier en remarquant la fenêtre de sa piaule ouverte. Bon, espérons que je n'y trouve pas un mec sinon la surprise risque de virer au massacre. Quoi chaton ? J'ai pas le droit d'être possessif avec ma frangine ?
Grimpant ainsi en trouvant des appuis et l'aide de la gouttière, j'atteins bientôt mon but et enjambe alors l'appui de fenêtre. Je me faufile discrètement à l'intérieur, faisant gaffe à ne pas paumer le pistolet à eau que j’ai glissé au niveau de la ceinture à l'arrière de mon jean's. Cheyenne est allongée et ronfle légèrement. Comme c'est mignon. Ça ne va toutefois pas l'être longtemps lorsqu'elle se réveillera en furie mais tant pis, je suis prêt à courir le risque.
Je bondis alors sur le lit et me plante debout au-dessus d'elle.

- Hep poupée, réveille-toi !

J'attends qu'elle ouvre les yeux et lui envoie alors une giclée d'eau en pleine face. Aheum bordel, dit comme ça c'est putain de tendancieux, sorry les amis ! Je me carapate vite fait avant qu'elle ne me bondisse dessus toutes griffes dehors. Je n’ai toutefois pas le temps de jeter l'arme par la fenêtre pour lui empêcher toute contre-attaque vu la façon dont je me vautre en voulant descendre du lit, mes pieds s'emmêlant dans la couette. Étalé sur le sol, je me reprends néanmoins le plus vite possible et me traine jusque dans le couloir, désarmé, un bout de la couette s'obstinant à me suivre.

Le chahut qui règne ou plutôt le chaos, anime la maison de nombreux éclats de rire. Si vous voyez deux guignols qui sortent soudain dehors à faire les ouistiti, c'est nous ! Cependant, nous retrouvons notre calme après ce joyeux délire matinale. Je te parle du projet qui à la base m'a amené aussi tôt ici. Enfin tôt, il est quoi ? Huit ? Neuf heures ? J'ai été raisonnable tout de même. Bref, on est censés se faire une virée au lac, pique nique et baignade au rendez-vous. Ça pourrait être cool d'y aller en quad, je songe.

Pendant que tu sors de la salle de bain un peu plus tard après une douche, je farfouille dans tes cd et tombe sur un album de Queen, lançant la musique à un volume assez élevé en choisissant I want to break free - clic clic par ici. Parfait !
Bon sang, c'est à croire que je me suis torché la gueule ce matin à me voir me taper un tel délire tandis que je vais chopper l'aspirateur dans le placard et commence à parodier le clip et chanter en te rejoignant dans la cuisine maintenant que tu y prépares le petit dej.

- ♫ God knows, God knows I've fallen in love ! ♫

Pas sûr que je ne me retrouve pas sur instagram face au ridicule de ma situation, mais tant pis, j'assume. J'aurais peut-être du lui planquer son téléphone avant ... .

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« Good morning America ! »

Affalée de tout mon long sur mon lit, je vacille entre l’inconscience et le réveil. Le chant des oiseaux me berce lorsque le pépiement d’une pie me tire brusquement du sommeil. Je grogne plusieurs fois, ensommeillée, avant de laisser de nouveau le sommeil m’entrainer dans les limbes. La veille, j’étais à une course dans une ville proche. J’ai bien sûr dit à mon frère que je sortais faire un tour, que j’allais rencontrer quelqu’un et que je rentrerais surement tard. Nous avions l’habitude lui et moi de nous tenir informés de nos vies respectives, c’était comme ça depuis toujours et ça n’allait pas changer tout de suite. Je tenais même plus informé mon frère que mon père. Une manie que nous avions adopté très tôt. En rentrant de la course, je n’avais même pas trouvé la force de me mettre en pyjama, je m’étais simplement contenté de me brosser les dents, de quitter mon jean et de m’affaler sur mon lit, rabattant rapidement le drap sur moi. Morphée était rapidement venue cueillir mon âme. C’est le week-end, personne ne m’attend ce matin au garage, j’ai donc juste prévu de faire la larve dans mon lit avant d’aller profiter du magnifique soleil qu’ils annoncent. En parlant de beau temps, je sens les premiers rayons passer par ma fenêtre ouverte, venant réchauffer mon corps, m’empêchant de me réveiller. Je somnole, bloquée dans une semis-conscience lorsque soudain, quelque chose, ou plutôt quelqu’un, saute sur mon lit. Le matelas s’enfonce, me faisant sursauter. Je grogne. Je n’ai pas besoin d’entendre la voix grave de mon frère pour savoir qu’il s’agit de lui : « Hep poupée, réveille-toi ! » j’ouvre les yeux en passant une main dans mes cheveux, m’étirant au passage. Je ne suis absolument pas matinale, et tant que je n’ai pas bu mon café, je suis un véritable dragon. Draven le sait. Il me connait par coeur. Et le voir, là, debout au-dessus de moi si tôt, ça n’annonce rien de bon. Et je me trompe rarement. J’ai à peine eu le temps de décoller un oeil que je reçois un liquide froid sur le visage ce qui me fait écarquiller les yeux automatiquement. Je regarde Draven, fier de lui, qui tient à la main un putain de pistolet à eau. Je me redresse vivement. « Putain… tu… c’est… » j’essaie de dire avec la voix rocailleuse d’une personne qui vient de se réveiller. Je jette ma main en avant dans le but d’attraper sa cheville, mais Draven est bien plus rapide que moi - et mes membres encore trop endormis pour réagir avec la vitesse que je souhaiterais. Mon frère est déjà en train de sauter de mon lit lorsque ses pieds s’emmêlent dans ma couette et qu’il s’étale de tout son long sur mon parquet dans un énorme « boum » qui fait trembler la baraque. Un éclat de rire se coince dans ma gorge et je m’étouffe tout en me jetant à la suite de mon frère. En quelques secondes je me retrouve sur son dos, mes ongles enfoncés dans ses bras : « Espèce d’enfoiré de gros loup. Tu vas me le payer… » je lui hurle dessus avant de planter mes dents dans son épaule. Ca lui apprendra. Il arrive à s’échapper et nous dévalons les marches d’escaliers de la maison pour nous retrouver dehors. Je poursuis Drav, qui court plus vite que moi, en petite culotte. Ce n’est pas la première fois que ça arrive, et surement pas la dernière. Je n’ai pas à m’inquiéter du regard de nos voisins. Ici, c’est comme si nous étions une grande famille. On se connait plus ou moins tous. Et chacun connait notre tempérament. Les Sword-Cavalera sont intenables. J’arrive à le rattraper et lui donne un gros coup de poing dans l’épaule avant de réussir à lui faire un croche-patte qui nous envoie tous les deux rouler dans l’herbe, hilares. Pour les bagarres, Draven n’a jamais eu besoin d’un frère, puisqu’il m’avait moi. Elevée par deux hommes, je n’ai jamais joué aux poupées ou à toutes ces conneries de gonzesse. Moi j’étais plus du genre à jouer à la lutte dans la boue avec mon frère et nos cousins et à construire mes propres bolides pour aller dévaler les pentes à toute vitesse.

Je m’écarte de lui quelques minutes plus tard. « Va donc me faire du café pendant que je me douche. » je lui ordonne, le menton en l’air, le regard noir. Il peut au moins faire ça pour se faire pardonner. Je me prépare en dix minutes top chrono, je n’ai jamais vraiment besoin de plus. Surtout lorsque je vais passer du temps avec mon frère qui me connait plus au naturel. Par contre, lorsqu’il s’agit d’une virée avec Tori, j’ai rarement le choix : je dois faire un effort. Cette sorcière m’apprend à être « une vraie femme ». Elle ferait mieux de me laisser en paix. C’est elle la vraie femme. Tandis que je me rends dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner - je ne sens aucune odeur de café dans l’air - Draven est introuvable. Soudain, alors que j’attrape une poêle pour nous faire des oeufs brouillés, « I want to break free » de Queen résonne avec force dans la maison. Mon regard se dirige immédiatement vers mon frère qui apparait dans l’embrasure de la porte, l’aspirateur à la main, imitant à la perfection la chorégraphie de Freddie. Mes lèvres tremblent tant le fou rire que je sens poindre est violent. J’éclate en me tenant les côtes, manquant de lâcher la poêle, avant que le refrain de la chanson n’arrive. Mon téléphone qui ne quitte jamais mon corps, se retrouve dans ma main en un claquement de doigts alors que le fou rire me secoue toujours. Je prends quelques clichés de mon frère, et même une courte vidéo. Je ne peux pas m’en empêcher. Je dégaine mon téléphone aussi vite que mon ombre et parfois sans même qu’on s’en aperçoive. C’est un de mes nombreux talents. Je lâche l’appareil et attrape la spatule la plus proche pour rejoindre mon frère et nous entamons ce passage de la musique à deux. Nous devons avoir l’air de deux gros tarés, mais c’est comme ça que nous avons toujours été.

La chanson se termine et nous sommes tous les deux à bout de souffle tant nous nous sommes donnés. Un vrai show. Nous saluons la foule avant que je retourne aux fourneaux. Mon estomac crie famine. « Bon… ce merveilleux réveil doit cacher quelque chose… qu’est-ce-que tu m’as prévu ? Et t’as intérêt que ça me plaise sinon… » je le menace en me tournant vers lui, spatule en l’air, faisant voler de l’oeuf un peu partout dans la pièce.

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« Espèce d’enfoiré de gros loup. Tu vas me le payer… »

- J'aime quand tu m'appelles gros loup ... trouvais-je le moyen de faire le pitre en secouant le popotin avant de détaller. Sauf qu'elle parvient à me chopper l'espace de quelques secondes et me mordre. T'es sacrément vorace de bon matin, saloperie !

Je ris intérieurement de sa furie puis nous dévalons les escaliers, le cœur tambourinant plein pot, fonçant dehors pour nous courser en nous exclamant de vive voix et en nous adressons des propos pas très chaleureux. Le pire c'est que ma Chahiyena se trimballe en petite culotte dans l'air frais matinal. Je pouffe de rire rien qu'à la voir gesticuler en tout sens tandis que je creuse la distance un instant entre nous et fais mine de l'attendre.
Toutefois, je me fais bien vite prendre à ce petit jeu et je morfle lorsqu'elle me percute l'épaule de son poing vengeur.

- On retient ses coups en famille jeune louve ... sinon c'est la force de l'ours que tu rencontreras bientôt.

Nous chahutons encore un peu puis rentrons. Je suis puni de corvée de café pendant qu'elle file sous la douche. Pour autant, je suis d'humeur rebelle ce matin et je songe plus à faire le con qu'à obéir aux ordres du sergent-chef Cavalera. Aussi lorsque je commence à parodier Freddie Mercury dans le clip d' "I want to breaf free" de Queen, il y en a une qui s'en amuse beaucoup. Armé de l'aspirateur, je songe que j'aurais du pousser le vice jusqu'à enfiler une jupe à elle et m'affubler de rouge à lèvres. Humpf ... ça aurait été d'autant plus percutant mais vu la vitesse à laquelle Chey s'est préparée comme en général, je n'aurais pas fini de fouiller dans l'armoire à la recherche d'une jupe ample qui puisse convenir à mon tour de taille, qu'elle serait déjà sortie.

En attendant, ce sont nos rires qui se mêlent. Chey manque de lâcher la poêle qu'elle tient en main. Cette fouine comme je le présageais, dégaine néanmoins son téléphone aussi vite que son ombre et prendre quelques clichés. Je me prête volontiers au jeu même si je risque de le regretter plus tard. D'ailleurs, elle vient finalement armée d'une spatule, pour se prêter également au jeu. Bon sang ... dire qu'il y en a une majorité en ville qui flippent rien que de me croiser sur un trottoir ... si cette vidéo circule à travers les réseaux sociaux, c'en est finit de moi et du semblant de paix dont je bénéficie en partie auprès des personnes qui sont encore trop lâches pour murmurer sur mon passage ou me chercher des noises , sous couvert de la crainte que je leur inspire.

« Bon… ce merveilleux réveil doit cacher quelque chose… qu’est-ce-que tu m’as prévu ? Et t’as intérêt que ça me plaise sinon… »

- Fais pas chier la môme. Tu te ramènes et tu te tais. Et arrête ton cirque, t'en envoies partout, soulignais-je, amusé en voyant des miettes d’œufs brouillés voler en tout sens. Au fait, quitte à passer la journée au lac, faut nous préparer un pique-nique digne de ce nom ... . lui confiais-je injustement la tâche de se charger de tout même si ce n'est pas sérieux. J'aiderais ... un peu. Mais c’est uniquement parce que je veux veiller à contenter mon estomac.
Va falloir bien les remplir au vu des activités prévus selon. Je ferais bien du jetski sur le lac s'ils les ont sortis et qu'ils n'ont pas été réservés pour la journée. Sinon ça sera virée en pédalo. Quelle aventure ! Au moins, ça nous rappellera notre enfance. On risque aussi sans doute d’aller crapahuter du côté de la cascade.

Plus tard ...

Tout est fin prêt et nous voilà partis pour le lac. Nous empruntons une route en lacets menant un peu plus haut près des montagnes. En cette saison c'est magnifique. Les eaux turquoises du lac me filent aussitôt envie de sauter à l'eau, une fois arrivés. Je me désape en chemin une fois descendu du véhicule et arrivé à proximité d'un coin qu'on aime bien avec ma sœur, semant mes fringues sur les galets au fil de ma course avant de fendre l'eau en y pénétrant au pas de course. Le soleil tape fort et je m'asperge néanmoins la nuque avant de m'immerger complètement. Je plonge bientôt sous l'eau en voyant ma sœur à proximité, désireux de la surprendre même si elle me connait assez bien pour savoir ce que je prépare. Je remonte à la surface en la choppant par les jambes et en la soulevant en partie hors de l'eau pour l’éjecter plus loin dans le vacarme joyeux de nos éclats de voix et de rires. Enfin quand je dis l’éjecter, le résultat c'est plutôt que je bascule avec elle dans le mouvement.

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« Fais pas chier la môme. Tu te ramènes et tu te tais. Et arrête ton cirque, t'en envoies partout. » je fusille du regard mon grand frère tout en cessant d’agiter la cuillère dans tous les sens et me tourne à nouveau face aux fourneaux, les yeux brouillés sont déjà presque collés au fond de la poele. Je fais signe à Drav de s’installer à table rapidement tandis que je verse une généreuse part dans une première assiette et une plus petite dans une seconde. Draven a toujours eu besoin de manger énormément et, franchement, ça a toujours été une véritable horreur de devoir préparer assez à manger pour nourrir tout le monde. Faut dire que je ne suis entourée que d’hommes. Entre mon père, mon frère et mes cousins, je suis la seule à « picorer » - car même si je mange beaucoup moins qu’eux, je reste une grosse morfale par rapport aux autres gonzesses. Finalement, j’ai toujours été un peu hors normes, ce qui m’a valu bon nombre de remarques et de regards en coin, sans parler des chuchotements sur mon passage. A croire que j’avais toujours été considérée comme une foutue extraterrestre. Mon gros ours de frère me ramène à la réalité : « Au fait, quitte à passer la journée au lac, faut nous préparer un pique-nique digne de ce nom … » je lève les yeux au ciel : « Enfoiré ! C’est toi qui a prévu de m’emmener quelque part, ça devrait être à toi de te charger des préparatifs. » je grommelle tout en me dirigeant vers mon frigo. J’ai toujours vécu comme ça, donc j’ai appris à devenir prévoyante, par chance j’ai toujours tout ce qu’il faut pour nourrir six hommes affamés dans mes placards. Entre Drav et Ace - qui suit bien les traces de son père - je suis préparée à tout, surtout qu’ils ne se gênent jamais, je dis bien JAMAIS, pour venir dévaliser mes placards sans même m’en demander la permission. Mais même si je passe mon temps à leur gueuler après, je me demande ce que je ferais sans eux. Ma vie serait bien fade et triste. En toute honnêteté, je n’ai jamais pu m’éloigner d’eux. C’est comme si mes tripes me hurlaient de rester à la réserve, au plus proche, de ne jamais les quitter. Ils sont ma famille, le sang de mon sang, ma meute.

Moins d’une heure plus tard tout est prêt - je suis très bien organisée il faut dire, mon père a toujours veillé à m’inculquer sa façon de gérer les choses et je lui en suis reconnaissante. Sur le chemin menant au lac, comme à notre habitude, nous mettons la radio à fond. Une chaine qui ne passe que du vieux rock, blues et autre jazz, tout ce qu’on adore avec Draven. Surfin’ USA de The Beach Boys passe et nous hurlons à plein poumons les paroles, en coeur. Les paysages défilent et je me rends compte que je ne pourrais jamais me passer de cette vision. Nous arrivons rapidement au lac. Draven, comme toujours, n’attend même pas d’être descendu de la voiture pour commencer à retirer ses vêtements. Souvent je me demande s’il n’est pas resté coincé à son adolescence, tout comme moi, au fond. Et parfois il m’arrive de ne pas savoir faire la distinction avec son fils et lui. Je ris en le voyant se ruer vers l’eau turquoise qui nous appelle, nous murmure des mots au creux de l’oreille. Drav a bien écouté les conseils de notre père, car même à trente-cinq balais il s’humidifie malgré tout la nuque. Je le suis et me moque de lui tout en l’imitant. Mon frère me fait constamment rire, c’est surement ce que j’aime le plus chez lui, sa facilité à m’apporter du bonheur. Je m’approche de l’eau, déposant mes affaires personnelles - comme mon téléphone portable - sur les fringues de mon frère que j’ai ramassé sur le chemin. Instinctivement, je me suis séparée de tout ce qui pouvait craindre l’eau, et je pense que j’ai bien fait. Faut croire que je connais trop bien mon frère car lorsqu’il m’attrape par les jambes pour m’envoyer valser à plusieurs mètres de lui, je ne pousse aucun cris de surprise.

Je n’ai pas le temps de comprendre réellement ce qu’il m’arrive, je suis balancée dans l’eau - délicieuse au demeurant - toute habillée. L’eau me rentre par le nez et je manque de m’étouffer. Je tente de nager pour me sortir de l’eau et ma main attrape une épaule musclée. Finalement je ne suis peut-être pas la seule a avoir bu la tasse. Je trouve la sortie et inspire une grande bouffée d’air tout en me mettant à tousser. « ENFOIRÉ ! T’aurais pu attendre que je me désappe. » je lui dis tout en appuyant sur sa tête pour le noyer à nouveau. Ca lui apprendra. Je m’éloigne de lui pour qu’il ne me noie pas à son tour et attend qu’il sorte de la tête de l’eau. « Bon… j’peux pas dire, t’as eu une super idée. L’eau est délicieuse. » je lui crie, tout sourire, tout en faisant quelques brasses, me mettant sur le dos pour profiter du soleil qui chauffe mon visage. Mes vêtements collent à mon corps, mais à ce moment précis, je n’en ai rien à faire. « Et au fait… t’as vendu Ace ? Ou il s’occupe de garder papa ? » je lui demande en me redressant un peu pour le regarder.

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« ENFOIRÉ ! T’aurais pu attendre que je me désappe. » déclares-tu avant de tenter de me couler. Tu fuis vite loin de moi et déclare que j'ai eu une super idée en venant ici.

« Et au fait… t’as vendu Ace ? Ou il s’occupe de garder papa ? »

- Vendu ! C'était un sale gosse de toute façon, arguais-je. Le lac scintille sous les rayons du soleil et nous nageons un moment l'un à côté de l'autre jusqu'à une zone plus éloignée. Quelques bateaux passent plus loin. Nous ne tardons pas à aller nous poser au sec pour entamer le déjeuner. Mais avant, pendant que nous séchons au soleil, je vais récupérer mon téléphone dans le pick-up pour consulter mes messages et il y en a justement un de Ace qui demande où je suis. Sahale l'a confié à Ren et Amarok qui comptaient l'emmener au lac. Ça tombe bien.

- On va avoir de la compagnie, toi qui demandait où étais ton neveu, il va débarquer avec Ren et Amarok d'ici un petit quart d'heure, ils se joignent à nous et vont chercher de quoi gonfler les victuailles.

Du coup, un moment plus tard, tous les trois se ramènent joyeusement. Côté bouffe, il est clair qu'on ne risque pas de manquer. Ace vient s'installer entre mes jambes pour pique-niquer et râle quand des miettes lui tombent dessus. Non non je ne le fais pas exprès promis ... . On se chamaille sous vos regards amusés à tous les trois, ce qui ne nous empêche pas de dévorer. Ace propose qu'on fasse du pédalo une fois digéré et en attendant, nous discutons tranquillement. La tête penchée en appui contre celle de mon fils qui n'a pas bougé de sa position, je songe au temps qui passe et au moment où Ace finira par devenir trop grand pour me témoigner encore ce genre d'attentions et vouloir partager ce genre de moments câlins.

- Alors Chahiyena ... il parait que tu fais des folies en ville ces derniers temps en compagnie de la sulfureuse Vicky ? lance Amarok à ma soeur.

Je redresse aussitôt la tête et renvoi un regard lourd de sens à ma sœur.

- Comment ça des folies ?!

Déjà qu'il y a peu elle m'a joué un vilain tour dont je ne suis toujours pas remis ... je m'inquiète d'autant plus de ses fréquentations.

- J'ai pas oublié l'autre soir en parlant de ça. relevais-je justement.

- N’empêche, comment elle t'as grugé mec ! lance Amarok qui est au courant de la façon dont Cheyenne m'a ouvertement provoqué, nargué et choqué en proposant à un inconnu rencontré dans un bar de l'embarquer chez lui il y a peu. Bon ok j'avais exagéré en venant la trouver là-bas mais merde ... . Elle m'a plantée là comme un con et je n’ai même pas eu l'occasion de les rattraper.

- Bro, c’est mignon de protéger ta frangine ainsi mais ... esquisse Ren en venant soudain se caler dans mon dos et boucher les oreilles de Ace en nous enveloppant tous deux de ses bras. Mais elle a le droit de s'envoyer en l'air elle aussi !

- Nope. lâchais-je.

- Même pas avec moi ? déconne-t-il juste pour me hérisser le poil.

Je me redresse soudain dans le but de lui ôter ce sourire provocateur et malicieux collé à ses lèvres et lui faire ravaler ses propos.

- Le seul Cavalera sur qui t'as le droit de poser les mains, c'est moi, lançais-je en confiant Ace à ma frangine tandis que Ren et moi chahutons en nous filant des coups de pieds dans des mouvements qui ressemblent à de la capoeira.

- Mais ouais bébé, je n'aime que toi, affirme Ren avant de me chopper par une prise subtile, me renverser sur le sol et faire mine de me coller des baisers par milliers à une certaine distance de mon visage.
Je fais mine de me marrer et appelle Cheyenne à l'aide.

- Vire-moi ce ouistiti de là "grande" sœur. T'as vu t'as pris du grade d'un coup ! lançais-je à la concernée pour mieux l'inciter à venir me sortir des pattes des élans faussement amoureux de mon meilleur pote.

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Je ne peux m’empêcher de regarder mon grand frère. Cet homme qui a toujours pris soin de moi sans faire de distinction entre son propre bien-être et le mien. Je n’aurais pu rêver mieux comme famille. Mon regard s’attarde quelques instants sur son visage aux traits bruts, animal, et ses cheveux bruns, quasiment noirs lorsqu’ils sont mouillés, qui lui tombent en cascade sur les épaules. Tous les hommes de ma famille sont de vraies forces de la nature et d’une beauté presque surnaturelle. J’ai retrouvé des photos de notre père et aujourd’hui encore je me demande comment ma mère a pu quitter un homme avec autant de charisme et un coeur si généreux qu’il nous noie tous dans sa gentillesse et son amour inconditionnel. Nous nageons quelques instants dans cette eau délicieux qui nous délasse avant de rejoindre la rive. Je m’installe dans l’herbe légèrement à l’abris du soleil grâce à de grands arbres aux branchages fournis. Mon frère s’empresse d’aller chercher son téléphone sur lequel il pianote quelques instants avant de m’annoncer : « On va avoir de la compagnie, toi qui demandait où étais ton neveu, il va débarquer avec Ren et Amarok d'ici un petit quart d'heure, ils se joignent à nous et vont chercher de quoi gonfler les victuailles. » mes sourcils se haussent tout de suite et je sens mon regard pétiller. Il n’y a que quand je suis avec eux que je me sens véritablement moi-même. Comme si toutes ces âmes venaient compléter la mienne. Ma meute a mes côtés, tout semble beaucoup plus simple à gérer. « Super. J’ai hâte de voir ce petit monstre. Qu’ils se bougent par contre, je sens déjà que j’ai une dalle d’enfer. » je dis en m’allongeant, prenant appuie sur mes coudes pour regarder le lac scintillant, dont les eaux bleues turquoises, ma rappelle cet endroit paradisiaque où nous allons quelques fois, à l’autre bout du monde.

Nous n’avons même pas le temps de souffler que les trois trublions arrivent en faisant un vacarme à réveiller les morts. Ils se garent juste à côté de la voiture de Drav et descendent les bras chargés de victuailles. Comme si nous étions quinze à manger. Mais ça a toujours été comme ça dans notre famille. Avec les gaillards qui la composent, le budget bouffe à toujours été colossal et je suis évidemment obligée de garnir mes placards si je ne veux pas être l’objet d’un scandal. Je suis surement la seule à manger de manière plus raisonnable - quoique, mes portions restent assez énormes pour une femme, ce qui me vaut souvent des regards étonnés. Ace passe près de moi pour rejoindre son père, mais non sans me donner un énorme bisou sur la joue. Nous sommes tous très proches dans la famille et dès la naissance de mon neveu, j’ai voué un amour sans limites à ce petit louveteau. Nous commençons à manger - ou plutôt à nous empiffrer - comme si nous n’avions pas vu de nourriture depuis deux mois. Je me cale de nouveau sur mes coudes pour regarder ma famille se goinfrer tout en discutant. J’attrape une bière - fraîche comme toujours, faut dire que les frigos des mâles, et même le mien, sont toujours remplis de boissons fraiches. « Alors Chahiyena ... il parait que tu fais des folies en ville ces derniers temps en compagnie de la sulfureuse Vicky ? » me lance Amarok, mon cousin. Un sourire espiègle vient m’étirer le coin droit de la bouche, comme une enfant prise la main dans le sac. « Comment ça cousin ? » je demande, les yeux pétillants. Mais le pic de mon cousin n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et Draven ne met pas longtemps avant de tourner la tête vers moi, l’air grave : « Comment ça des folies ?! J'ai pas oublié l'autre soir en parlant de ça. » je me redresse pour planter mon regard dans celui de mon frère, levant les yeux au ciel, et lui offrant une merveilleuse grimace digne d’une gamine de six ans. « N’empêche, comment elle t'as grugé mec ! » surenchèrit notre cousin, m’adressant un clin d’oeil avec un pouce en l’air. Je pince les lèvres pour m’empêcher d’éclater de rire. En effet, j’aurais adoré pouvoir immortaliser ce moment : « Vous auriez vu sa tronche les mecs ! Un pur bonheur. » j’ajoute en tirant la langue à mon frère. Ren s’approche de lui et je le vois à son visage, s’apprête à sortir une connerie salace. Je m’empresse de plaquer mes mains sur mes oreilles pour qu’il n’oublie pas que nous avons un enfant avec nous. Mais Ren est loin d’être bête et s’occupe bien assez souvent d’Ace pour savoir qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Il enlace mon frère et mon neveu pour boucher les oreilles de ce dernier avant d’annoncer : « Bro, c’est mignon de protéger ta frangine ainsi mais ... elle a le droit de s'envoyer en l'air elle aussi ! » Je lui offre un pouce en l’air accompagné d’un grand sourire pour valider ses propos. Je ne suis plus une jeune fille pure, comme a tendance à l’oublier mon grand frère. Il grogne évidemment que non, je n’ai pas le droit d’avoir d’amants. Visiblement cela lui parait inconcevable ! « Même pas avec moi ? » ajoute-il, joueur alors qu’il sait que mon frère va littéralement péter un plomb. Je hausse à plusieurs reprises les sourcils en hurlant à la lune, on a toujours aimé se lancer des petites blagues salaces tous les deux, sous le regard courroucé de mon frère. Draven ne semble pas trouver ça drôle du tout et se redresse pour le chopper et l’envoyer valser un peu plus loin. Les voilà tous les deux partis dans un lutte à celui qui aura le dernier mot alors que je réceptionne mon neveu que son père a littéralement jeté sur moi. Nous roulons-boulons sur le sol et j’en profite pour lui chatouiller les côtes. Nous rions aux éclats tandis que les deux mâles continuent de se chamailler de leur côté. « Mais ouais bébé, je n'aime que toi. » lance Ren à mon frère. « Vire-moi ce ouistiti de là "grande" sœur. T'as vu t'as pris du grade d'un coup ! » me demande Draven. Je me redresse et croise les bras sur ma poitrine, le toisant : « Donc quand ça t’arrange, tu appelles ta soeur à la rescousse ?! Tsss… » dis-je en détournant la tête, boudeuse. Les bruits de baisers de Ren continuent de résonner dans l’air et les grognements de Drav avec. « De toute façon je suis toujours obligée de venir sauver ton cul. » dis-je, faisant référence à la fameuse légende qui pèse sur nous deux. Je souffle avant de me lever, de m’approcher des deux grands gamins et de finalement me jeter sur le dos de Ren et de lui mordre l’épaule. L’homme pousse un léger hurlement et tentant de m’écarter mais je bondis rapidement en arrière et sa main passe à quelques centimètres moi. « Chahiyena, c’est comme ça que tu mords les loups qui partagent ta tanière ? » beugle-t-il en se frottant l’épaule. Je fais claquer mes dents dans sa direction en lui offrant mon plus beau majeur. Amarok surenchérit : « Mais moi je ne sais pas ce qu’il s’est passé la dernière fois… tu nous fais des cachoteries Chahiyena ? » ce surnom, encore et toujours ce surnom. Je lève les yeux au ciel : « Comme si Drav’ ne vous avait pas tout déjà raconté… » dis-je en haussant les sourcils. Amarok me lance fait une moue enfantine tout en agitant la tête de gauche à droite. « Alors comme ça, la louve solitaire cherche à trouver son mâle dominant ? » poursuit-il. Je croise de nouveau les bras sous ma poitrine : « Alors d’une, je ne cherche pas de mâle Dominant, comme tu dis. S’il y a quelqu’un qui doit dominer, c’est moi. Et de deux, tout ceci était indépendant de ma volonté. Tori la sorcière a tout organisé dans mon dos… » j’ajoute en fixant mon frère. « Qu’est-ce-que ce gros loup mal luné a bien pu vous raconter ?! » je demande aux deux hommes qui font partie de ma famille depuis toujours.

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Frère et soeur :bighug:

« Good morning America ! »

Appelant ma sœur à l'aide en la promulguant au rang de "grande" soeur, je l'incite à venir dégager ce parasite infernal de sur mon dos. Tu te redresses alors en croisant les bras, faussement boudeuse. Enfin je crois ... .

« Donc quand ça t’arrange, tu appelles ta soeur à la rescousse ?! Tsss… De toute façon je suis toujours obligée de venir sauver ton cul. »

La référence ne manque pas de faire écho en moi. A une période lointaine par le passé, lorsque Crazy Horse et ses quelques 750 guerriers amérindiens attaquèrent le camp du général Crook près de la Rosebud, il y en a un qui fut encerclé et était sur le point de se faire tuer quand un cavalier arriva et le sauva, le prit en croupe et le conduisit à l’écart du champ de bataille. Ce cavalier était sa sœur, et depuis, les Cheyennes appellent la bataille : Le-Combat-Où-La-Sœur-Sauva-Le-Frère. C'est cette référence là qu'aborde ma sœur puisque certains laissent entendre que nous pourrions être leurs réincarnations.
Quoi qu'il en soit, elle intervient et se joint à la mêlée.

« Chahiyena, c’est comme ça que tu mords les loups qui partagent ta tanière ? » beugle Ren à ton encontre.

Bordel, ma frangine est dingue. Et ça me fait juste marrer ! Amarok quant à lui surenchérit en déclarant que de son côté il ne sait toujours foutrement rien de cette histoire qui titille sa curiosité.

« Comme si Drav’ ne vous avait pas tout déjà raconté… »

Je lève les mains en l'air pour montrer patte blanche.

« Alors comme ça, la louve solitaire cherche à trouver son mâle dominant ? »

« Alors d’une, je ne cherche pas de mâle Dominant, comme tu dis. S’il y a quelqu’un qui doit dominer, c’est moi. Et de deux, tout ceci était indépendant de ma volonté. Tori la sorcière a tout organisé dans mon dos… » Puis tu ajoutes en me regardant moi. « Qu’est-ce-que ce gros loup mal luné a bien pu vous raconter ?! » argue-t-elle.

- Ah ouais ? Elle l'avait orchestré aussi que tu invites un parfait inconnu à t'embarquer chez lui après quoi ... un quart d'heure à peine juste histoire de me provoquer ??!!

Bon là c'est pas forcément cool, certes. Et Amarok me choppe soudain par l'épaule en y refermant sa main pour couper court à la légère tension.

- Ouh toi, va falloir refroidir tes ardeurs ! me dit-il avant de me coller un quignon de pain dans la bouche pour me faire taire. Il est hilare de son petit tour. Il aurait pu m'embarquer à la flotte mais l'exercice n'aurait pas été si aisé malgré nos deux carrures de molosses.
Ces joyeusetés se poursuivent autour du dessert et plus tard, nous allons joyeusement déconner dans l'eau. Ace veut qu'on aille faire du pédalo pour aller explorer les gorges plus loin qui se referment alors que le lac débouche sur la rivière qui le nourrit. Et nous squattons alors une de ces embarcations pour faire un tour.

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Frère et soeur :bighug:

« Good morning America ! »

Nous voilà tous les trois partis dans une de ces bagarres que nous adulons. J’ai toujours grandis avec ces loustiques, donc je suis bien habituée à ce genre de drama, totalement typiques des meutes de réserves. « Ah ouais ? Elle l'avait orchestré aussi que tu invites un parfait inconnu à t'embarquer chez lui après quoi ... un quart d'heure à peine juste histoire de me provoquer ??!! » grogne mon grand-frère à mon encontre. Ace continue de manger comme un goinfre tandis qu’Amarok et Ren se sont tus pour écouter notre échange. Ils ne manqueraient une querelle entre nous deux pour rien au monde ces enfoirés. S’ils pouvaient avoir des seau de pop-corn avec eux, ils seraient aux anges, les jambes étendues devant eux, un bras retenant leur tête, l’autre farfouillant parmi les pétales de maïs gonflés. Je plisse les yeux pour avertir mon frère que ça va péter. « Ouh toi, va falloir refroidir tes ardeurs ! » argue mon cousin tout en posant une main puissante sur l’épaule de mon gros loup de frère, lui enfonçant un bout de pain entre les dents, histoire de le faire taire. Je croise les bras sur ma poitrine et affiche un air fier tout en envoyant un baiser à Amarok pour le remercier de son intervention.

Plus tard, nous nous retrouvons à nous prélasser sur un pédalo, désir incontournable de mon neveu. Le soleil réchauffe ma peau, les yeux fermés je me laisse percer par le doux tangage du petit bateau quand soudain deux paires de bras me saisissent les épaules et les épaules. J’ouvre brusquement les yeux, alerte, pour découvrir Ren et mon cousin de connivence, prêts à me jeter à l’eau. Ils me portent et se rapprochent du bord, faisant par la même occasion tanguer violemment l’embarcation. Je grogne : « Si vous faites ça… » je tente de me débattre mais les bougres sont puissants et me tiennent avec force. Je n’ai aucun moyen de me libérer. Si ce n’est de m’arcbouter et de bouger dans tous les sens à la manière d’une anguille. Ace me regarder en se marrant : « Toi… si tu ne m’aides pas, tu ne mettras plus jamais les pieds chez ta tante adorée ! » je hurle pour couvrir les rires de l’enfant. Je ne regarde même pas mon frère qui, je le sais, boude toujours pour tout à l’heure et qui ne risque pas de m’aider dans un moment si jouissif. « Bande de traitr… » je n’ai pas le temps de finir ma phrase que je me retrouve plongée sous l’eau, balancée avec violence sans même tenir compte de ma condition de femme. Je n’ai jamais été traitée de façon différente parmi nous, de toute manière. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont décider que de « balancer une femme à l’eau, ça ne se fait ». Qu’est-ce-qu’ils en ont à foutre que je ne veuille pas me mouiller les cheveux, ou que je suis maquillée, ça les fait marrer et de toute évidence ils savent que j’en ai rien à faire de tous ces détails superflus. Lorsque je ressors la tête de l’eau, ils sont tous les quatre hilares sur le pedalo : « Putain, t’aurais dû voir ta tronche, beauté. » me lance Ren en riant toujours. Je plisse les yeux et nage jusqu’à eux, tendant la main à Ace pour qu’il m’aide à sortir de l’eau. Le garçon, bien que jeune, possède déjà une force extraordinaire qu’il tient évidemment de sa lignée et surtout de son père - que l’on compare souvent à une armoire à glace. Ace attrape ma main, prêt à m’aider lorsqu’au lieu d’accrocher le bateau, je me propulse en arrière à l’aide de mes pieds plaqués contre la coque. Le jeune garçon n’a pas le temps de réaliser ce qu’il se passe qu’il est entrainé avec moi dans l’eau. Et nous nous retrouvons tous les deux sous la surface, bras et jambes emmêlés. Nos deux tignasses brunes n’en formant plus qu’une, les bulles de nos rires remontant à la surface.

« c’est pour m’avoir trahi ça ! » je lui dis en le faisant passer sur mon dos. Je lance un clin d’oeil à mon frère puis regarde Amarok qui semble avoir quelque chose sur le bout de la langue : « vas-y, sors ce que tu as à dire sinon tu risques de t’étouffer. » le jeune homme affiche un grand sourire enfantin : « Alors comme ça t’es parti avec ce mec au bout de quinze minutes ? Sans le connaitre plus que ça ? Sous les yeux de ton frère ? » il jubile presque ce petit enfoiré. Il adore foutre le boxon et je sais qu’il a besoin de savoir les moindres détails : « Mon dieu… Amarok… Oui je suis partie avec ce mec, mais non, il ne m’était pas inconnu et Tori l’avait très bien sélectionné. Elle lui a fait passer un vrai test de personnalité. Je ne suis pas non plus inconsciente vous savez. » j’ajoute en roulant des yeux. Amarok hausse les sourcils mais je le coupe avant même qu’il n’ouvre la bouche : « comment veux-tu que je te donne des neveux et nièces comme Ace si je ne peux même pas rencontrer d’hommes sans que tu hurles à la lune que tu vas les étriper s’ils me touchent ? » je lance à mon frère en riant tandis que mon neveu continue de faire du rodéo sur mon dos, me noyant au passage.

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